L’école d’art, de design et d’architecture « Bauhaus » fête ses cent ans. On doit à l’un de ses professeurs, Itten, une classification des contrastes en matière de couleur. Elle reste un repère pour quiconque produit des visuels. D’autres règles sont venues les compléter et sont maintenant partagées dans les écoles d’art. L’histoire de l’art montre qu’elles ont été appliquées bien avant d’être formalisées. Nous vous proposons un panorama incomplet, mais qui démontre la richesse des solutions qui s’offrent à vous !
Le plus connu de tous les contrastes et le plus évident est sans doute le clair-obscur. Le Caravage, Rembrandt ou Velasquez l’utilisent, chacun d’une manière qui leur est singulière. Le cinéma expressionniste comme celui de science-fiction appuie une grande partie de ses effets sur ce contraste.
Les couleurs complémentaires juxtaposées provoquent également un contraste. Ces couleurs sont situées à l’opposé sur le cercle chromatique et se valorisent mutuellement. Le peintre Miro, l’affichiste Villemot ou les pointillistes les utilisent.
Itten nous cite aussi le contraste de quantité. Une couleur en petite quantité captera parfois davantage l’attention. Dans les paysages boisés de Corot, un personnage minuscule coiffé de rouge attire l’oeil. Il est l’élément inattendu dans un paysage impassible. Les couleurs peuvent encore être plus ou moins saturées, plus ou moins pures...
Griz et Norm travaillent dans l’industrie de l’animation, aux États-Unis. Ce couple propose des conseils aux dessinateurs et graphistes tous les jeudis. Ils nous rappellent que le contraste est d’autant plus percutant qu’il n’y a pas un équilibre entre les deux couleurs. Une couleur dominante occupe 70 % de l’espace, une autre vient en complément sur 20 %, et enfin, une autre plus discrète occupe 10 %. Cette règle nous en suggère une autre : la palette limitée. Il ne faut pas vouloir utiliser toutes les couleurs sur une présentation, un film ou une animation !
Des contrastes de forme
Les spécialistes de l’animation conseillent de partir de formes simples. Un personnage a un visage triangulaire ? Il sera d’autant plus visible si il est confronté à un autre au visage ovale ou arrondi. Cela vaut aussi pour la forme des corps. Don Quichotte et Sancho Pança, Laurel et Hardy, Bud Spencer et Terence Hill.
Les visuels alternent les graphismes simples, et les complexes. Des surfaces planes et uniformes contrastent avec d’autres où les détails abondent. Si un vêtement est couvert de plis sur toute sa surface, il semble froissé. Si aucun pli n’apparaît, il est amidonné et ne paraît pas réel. Si les plis sont également répartis. Il est terne. On va donc alterner les zones de pli et les zones planes, quitte à jouer un peu avec la réalité. Le contraste simple/complexe se retrouve dans la tenue des personnes, et dans tout visuel. Vous pouvez demander au lecteur ou à l’observateur des moments de concentration et d’attention plus importants, mais il faut aussi lui ménager des zones de repos.
Courbes et droites
Les anatomies, les formes architecturales, les animaux apparaissent comme des formes complexes. Trop occupés à chercher les bonnes proportions ou la ressemblance, les illustrateurs risquent de produire des images sans forme. Les professionnels du cinéma d’animation, et notamment Mike Mattesi, qui a animé le Tarzan de Disney, nous proposent d’imaginer toutes les formes comme des oppositions de courbes et de droite. À cette condition, les humains, animaux et objets semblent être porteurs d’une énergie potentielle ou au cœur de mouvements.
Les plans, les tailles
Dans les arts visuels, beaucoup de contrastes se créent avec le nombre 3. La règle n’est pas absolue, mais elle fonctionne. Trois niveaux de texte dans une présentation ou un écrit, trois tailles d’images lorsque vous montrez des photos ou des schémas, trois tailles de pierres pour le résultat d’un éboulement... Qu'il s'agisse de lave, de cailloux, de buissons, de montagnes ou de personnages, Lorenzo Etherington, l'auteur du best seller "How to think when you draw" revient régulièrement à cette règle essentielle.
En formation, toutes ces règles et astuces sont au service d’une intention pédagogique : attirer l’attention, dramatiser, susciter une émotion, raconter une histoire, caractériser des personnages. Dans les présentations visuelles, ces effets visent eux aussi une intention, et ne doivent pas faire oublier la première des règles : la sobriété !
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