Remise du prestigieux Prix Allard-Janssen

Bruxelles Woluwe

Le Prix Allard-Janssen a été remis ce lundi 7 mai 2018 au Professeure Anabelle Decottignies pour ses travaux de recherche sur l'étude de la capacité des cellules cancéreuses à se diviser via un mécanisme alternatif, appelé ATL.

Ce prix trisannuel d’un montant de 150 000 est destiné à soutenir une recherche fondamentale ou appliquée sur le cancer.

La capacité de la majorité des cellules cancéreuses à se diviser indéfiniment est bien établie. Pour acquérir cette immortalité réplicative, les cellules cancéreuses peuvent soit réactiver l’expression du gène de la télomérase, normalement réprimé dans les cellules somatiques normales, soit mettre en place un mécanisme alternatif, appelé ALT, faisant appel à des événements de recombinaison homologue entre séquences d’ADN télomérique. Bien que la télomérase soit réactivée dans environ 90% des cancers, le mécanisme ALT est très fréquent dans les tumeurs de type sarcome (cancer de l’os par exemple), les tumeurs du système nerveux central, comme les glioblastomes, ou les neuroblastomes. Puisque ce mécanisme particulier de maintien des télomères n’est pas utilisé dans nos cellules saines, mais uniquement en conditions pathologiques, il y a un intérêt évident à en percer les secrets puisque cela permettra peut-être d’envisager une approche thérapeutique ciblée, épargnant les cellules saines de l’organisme.

Le groupe d’Anabelle Decottignies a identifié TSPYL5 comme cible moléculaire prometteuse qui semble spécifique du mécanisme ALT. Les recherches futures viseront à caractériser les domaines d’interaction entre ces deux protéines, TSPYL5 et USP7, de façon à pouvoir identifier des molécules candidates qui pourraient interférer avec leur interaction et, de ce fait, être utilisées en thérapie anti-tumorale ciblant ALT.  

Est-ce que cette recherche pourra-t-elle s’appliquer aux patients et quand ?

Oui, dans un avenir plus lointain, l'équipe du Professeure  Decottignies espère que le fruit de leurs découvertes pourra s’appliquer au développement d’un nouvel agent anti-cancéreux. L’idéal serait que cette molécule cible spécifiquement les cellules cancéreuses faisant appel au mécanisme alternatif (ALT) de maintien de leurs télomères en épargnant les cellules saines du patient. D’après les premiers résultats, cette possibilité serait envisageable car ce mécanisme de maintien des télomères très particulier et pathologique n’est pas utilisé dans des cellules saines et, de cette sorte permet d’envisager une approche thérapeutique plus ciblée.

Le mécanisme ALT est très fréquent dans les tumeurs de type sarcome (cancer de l’os par exemple), les tumeurs du système nerveux central, comme les glioblastomes, ou les neuroblastomes. On retrouve notamment une fréquence élevée de cancers ALT chez les enfants. C’est donc dans ce contexte de maladie que leur recherche pourrait s’avérer intéressante.

Photo- Légende de gauche à droite: Pierre Gianello,conseiller du vice-recteur à la recherche et à l’international du Secteur des sciences de la santé, Anabelle Decottignies, lauréate, Maître Storrer, exécutrice testamentaire de la famille Allard-Janssen et Pierre Coulie, président du jury.

Publié le 18 avril 2018